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 Il y a aussi des tableaux. En 2015, je réalise une expo virtuelle autour de mes dessins de l'album Dieu Mécanique. C'est une vidéo, mise Online, pendant 1 mois, je pense.

Contrairement à l'album Hopeless, qui pourrait bénéficier d'éléments de contexte, même d'un remix, l'album Avenir Bloqué est définitivement plus arqué vers le fictif, le fictionnel. 

Devenir web-bédéiste et faire face au succès, et surtout à l'insuccès des commentaires socio-politiques, comme je l'ai déjà dis, l'affluence sur mon blog droppait dès que j'en faisais, a fait évoluer ma pratique vers ce qu'on pourrait appeler " se rincer l'oeil", c'est à dire toute une iconographie commerciale, et porno, un peu cheap et un peu sale, qui utilise le sex-appeal, surtout des femmes, de la féminité et du corps féminin, pour attirer l'attention. Parce que, inversement, et j'ai fait les tests, dès que je faisais du commentaire socio-politique, l'affluence chutait, mais des que je faisais une pin-up, l'affluence montait. Se rincer l'oeil devenait donc important pour le public que j'avais trouvé, et il y a plusieurs choses à dire sur cela. La première est que si je réussis à capter l'attention de quelques-un avec un cheap trill pareil, je vais jouer avec et tenter de faire évoluer la chose, pour une prise de conscience, même si je ne crois plus dans les prises de consciences. J'ai alors combiné des pin-ups avec des commentaires socio-politiques. La deuxième réflexion est que si tout le monde aime se " rincer l'oeil", personne n'aime le " rinceur d'oeil", on se sent publiquement floué par lui, on le traite de pervers, de tout les noms, même si ça continue de se rincer l'oeil. On peut examiner aussi chez le lectorat la même chose avec le présupposé d'un texte, c'est à dire une corrélation entre le texte et la personne, un peu comme si le texte devenait toujours le témoignage de la personne qui l'écrit, presque par anthropomorphie d'ailleurs. Quand on sait ça,  et bien, on joue avec. La troisième affaire est que j'ai fait du modèle vivant, du nue, dans un centre commentaire à Montréal, dont un boxeur, un boxeur nu, j'ai dessiné un boxeur nu. C'est un excellent exercice, surtout pour développer un style, et pour casser un style. La personne prend une pose, et on dessine pendant 10 secondes, une autre pose, 10 secondes. Et ainsi de suite en faisait varier les poses et le temps. Ça va chercher plus l'expressivite du corps, du corps particulier, et de la pose, de la pose particulière. Donc, j'ai pas de problème à dessiner du nue, donc faire des pin-uns non plus. Mais comme dessinateur, j'ai plus de défi avec certains modèles, surtout si c'est pas les normes de Polykleitos. La question du Nue en Amérique du Nord, on le voit avec le mouvement Free the nipple ou avec les looks de Cannes 2023, est toujours d'actualité. Et quatrièmement, peut-être la plus dure leçon, alors que j'ai des affluences monstres sur mon blog et que je bouffe des ramens avec 2$ par jour pour vivre, le succès dans la blogosphère internationale ne se traduit pas par un succès sur la scène locale. En gros, le mendiant et le quêteux au coin de la rue est peut-être une blogstar. Pire, on refuse de l'admettre, on cherche des substitutions, on va l'exploiter par opportunisme pour noyer le poisson. A une autre époque que celles des médias numériques, tout cela pouvait fonctionner, de nos jours, plus tellement. C'est difficile, avec la circulation de l'information, de cacher la référence. C'est même ridicule. Et on le voit avec les looks de Cannes 2023 dans les médias canadiens, la solution est de ne pas en parler. Ce qui est d'autant plus ridicule pour un média. Un média, c'est là pour parler d'un phénomène de société, de la même façon qu'un web-bébéiste parle des phénomènes de société. Si le public attaque cette prise de parole, ou pense qu'une caution est attribué parce qu'on montre publiquement une chose, ce qu'on fait ailleurs d'ailleurs, c'est un problème d'éducation, c'est un problème d'éducation du public, c'est un problème plutôt navrant. Choisir de mal informer, c'est choisir l'inculture et l'ignorance, c'est cautionner certains choix collectifs. Ça ne  suffit pas de rester en haut de chaise et de surveiller la piscine si on veut faire évoluer les mentalités, les milieux et les codes d'un genre. Pensons à ma métaphore de la bicyclette.

Revenons à l'album Hopeless.

Recueil de dessins, en 2004. On remarque l'utilisation du ruban de gaufrage en plastique pour le titre, et l'utilisation de l'étiquette d'une disquette d'ordinateur. En 2004, c'était déjà du passé, mais du passé récent. La répétition des photographies pour les cadenas des casiers se présente de façon verticale, certaines images sont floues. Un terme existe :  photo conceptualisme. Les dessins, à l'intérieur, sont des photocopies, et toutes les impropriétés propres à la reproduction par photocopie sont accentuées, sauf ici, dans cette nouvelle présentation, le tout a été nettoyé, l'effet était vraiment lié au papier, à la photocopie. On n'est plus dans le True Fanzine, même si l'on retrouve cela dans cette production. L'effet est ici cultivé, travaillé en fonction de la reproduction, de la photocopie de l'image, comme si cela disait, regarde, je suis une photocopie, je ne suis pas le dessin authentique. Mais pas ici, dans cette nouvelle présentation. Sauf pour la page 31, parce que c'est une véritable défiguration de retoucher la page 31. Et contrairement à ce qui est annoncé, ce n'est pas 24 dessins, mais bien 34 dessins.

C'est mon avis, mais en culture fanzine, en 2004, à Montréal, la page 31 est la meilleure affaire en ville, et mon recueil de dessin est le best. Des années plus tard, j'allais découvrir les 34 illustrations de l'enfer de Dante, de Robert Rauschenberg, et la page 31 peut entrer en dialogue sans problème. Il y aurait beaucoup à dire sur ce recueil de dessin. Mais bon, c'est moi qui l’ai fait, j'ai un parti-pris.

Une des raisons qui explique la supériorité de la page 31, c'est le manque de culture de la gang de newbies, des graphistes comme ça qui veulent s'éclater, mais qui ignore tout de la culture fanzine, du True Fanzine, et surtout, du black-and-white Boom des années 80. La page, le dessin, la photocopie sont au cœur de la page 31, et on ne peut pas la regarder sans éliminer une décade de DIY dans le centre de photocopie. C'est pourquoi la page 31 est incroyable. La plupart de 34 dessins sont très correct, avec des moments forts, mais la page 31 sort du lot, se démarque.

En faisant mes recherches, la culture fanzine en 2004 à Montréal semble de moins en moins utiliser l'esthétique du True Fanzine. Ici, on voit des exemples. Théoriquement, dans la mini BD de Mimi Trailette de 2006, mon futur coloc de marde se retrouve dessiné. En tout cas, pour ce que j'en sais, son couple ne battait pas de l'aile dans ce temps-là et il devait faire de la 3D pour une grosse compagnie de jeu vidéo de Montréal. J'ai trouvé, caché dans la troisième étagère du haut de l'armoire de la salle de bain, en faisant le ménage, mais disons-le franchement, je ne vais pas souvent vérifier la troisième étagère du haut de l'armoire des bécosses, d'où justement j'imagine le lieu parfait pour cacher des revues pornos. C'était pas vraiment mon truc, y'en avait au moins trois, et oui, comme un vieux condom remplit, les pages étaient collantes à cause d'une éjaculation. Ça non plus c'est pas vraiment mon truc. Surtout de garder le magazine, après, et de la cacher dans la troisième étagère du haut. Bref, tout me porte à croire que lorsque son couple battait de l'aile, il utilisait ce type de matériel, et cet endroit, en secret, pour se soulager des tensions encourues. J'ai utilisé un nettoyant corrosif pour éliminer toute substance résiduelle.

Et dans la publication fuzzé fuzzé de 2004 de Tûûûûûûûût, le célèbre DJ MC Gilles plugue son émission à CISM, tout en parlant de disque dont la seule mention secoue les fondements logiques de la civilisation. On est ici plus proche d'un magazine flyé avec une expérimentation dans la livraison, le format, la mise en page. On soupçonne des graphistes, peut-être même des pigistes, sur un trip sans lendemain. Et l'exploration Kitsch est au rendez-vous. 2004.

En fait, 2004 a été marqué par plusieurs publications dans la culture fanzine, et presque rien n'utilise le look du True Fanzine. Notons ici la revue C'est Selon, avec le futur prix Nobel de littérature, Alain. En 2004, se regrouper autour d'une publication avec l'idée de partager des textes sur des feuilles de papiers pousse encore des gens et des jeunes vers la production de fanzine. D'ailleurs, 2002, le premier Expozine est organisé, rue Saint-Laurent. J'ai le spot le plus tough en ville avec mon stock. A vrai dire, s'installer pour regarder le line-up de fou pour rencontrer la vedette, l'idole, l'icône de la BD Underground Montréalaise, Julie, ça serait exactement où j'avais mes deux fesses. Pour ce qui est de tuer la compétition, le terme overlooked n'a jamais autant sonne juste. Je n'existais pas pour cette foule.

Un Fanzine n'est pas une revue culturelle

Par contre, à Montréal, on peut trouver des liens avec certaines publications du monde communautaire, L'Itinéraire en tête de liste. Pourquoi? Le caractère DIY de la communication.

Mais que s'est-il passé ?

Ici, la revue Ferraille ( 2000) et la revue Voix et Images, Hiver 2018, La Bande Dessinée Québécoise.

Mais que s'est-il passé ?

Ici, la revue Spirale avec Voivod en page couverture en 2018, et l'album Build your weapons, the very best of the noise years 1986-1988.

Hier encore, Spirale diffusait des articles sur le poststructuralisme chez Derrida. C'était une revue tellement de gauche qu'elle refusait carrément de discuter avec des syndicalistes ou le monde du communautaire. La pureté, la pureté Spirale a été perdue.

Est-ce que la revue Spirale est prête pour un dossier sur Apocalypse Culture?

Mais que s'est-il passé?